La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) vient de se prononcer sur la présidentielle de mars 2010 et de la crise postélectorale, à travers un communiqué qui laisse quelque peu perplexe. Longtemps soupçonnée d’être à la solde du pouvoir RPT depuis le départ de Me Yawovi Agboyibo et de Me Dovi, la CNDH a fait une intervention, quoique très diplomatique, qui va surprendre quelque peu l’opinion et le pouvoir.
Tirant leçon du passé électoral violent du Togo depuis les années 1990, à en croire son président Koffi Kounté, la CNDH a travaillé avec la CENI et a fait des propositions pour que les élections soient transparentes et les résultats acceptés de tous.
« A chaque étape du processus, elle a eu à collaborer avec la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), afin de lever les obstacles qui pourraient entraver le bon déroulement de l’élection présidentielle », indique le communiqué.
La Commission a en outre mené plusieurs actions tendant « à trouver des solutions aux causes plausibles des violences électorales. » Au nombre de celles-ci figurent « des rencontres avec tous les candidats ou leurs représentants à l’effet de convenir d’actions communes à mener afin de faciliter la régularité du scrutin et d’éviter toutes formes de violences ; la formation par la CNDH des délégués de tous les candidats en vue de mettre ces délégués au même niveau d’information que les membres des Bureaux de vote afin d’éviter d’éventuelles contestations à la base », selon le communiqué.
Il y a également la proposition d’une « nuit électorale » le soir du 4 mars pour que les résultats soient donnés en direct sur les chaînes de radio, bureau de vote par bureau de vote.
«La proposition à la CENI d’organiser une véritable nuit électorale au cours de laquelle les résultats des différents bureaux de vote seront publiés en direct sur les médias d’Etat (Télévision Togolaise, Radio Lomé et Radio Kara) au fur et à mesure de leur envoi à la CENI par les Commissions Electorales Locales Indépendantes (CELI) », souligne le communiqué.
La CNDH n’a pas été écoutée et ses demandes n’ont pas été toutes satisfaites. Les préfets sont intervenus dans le processus électoral et l’administration s’y est beaucoup impliquée, le président de la CENI en a fait à sa guise ; les délégués des partis d’opposition ne furent pas suffisamment informés et formés pour pouvoir acter pertinemment sur le terrain.
Mais le clou du communiqué se trouve dans le refus de la non-diffusion des résultats par VSAT et l’absence de nuit électorale. En refusant de donner les résultats directement la nuit même du 4 mars, contrairement aux chiffres reçus par les Etats-majors de parti, en donnant les résultats trois jours après la tenue de l’élection, la CENI et le pouvoir ont laissé s’installer la suspicion de fraude sur la présidentielle.
Et cette attitude a entrainé les conséquences postélectorales que l’on vit aujourd’hui. La CNDH a beau jeu de le souligner : « en dépit de ces mesures, la CNDH constate avec regret que les violences postélectorales n’ont pu être évitées. »
La Commission constate également les dérapages répétés en matière de violations des droits de l’homme. A savoir l’interdiction des manifestations, la répression des veillées, les agressions sexuelles contre les femmes, le saccage du siège de l’UFC, les agressions contre les journalistes, sont autant de violations répétées des droits de l’homme auxquelles ont conduit les résultats controversés de la présidentielle.
Source : http://www.mo5togo.com/