Affirmation du négationnisme ou souci d’offrir plus de cadres de travail à son département ministériel ? En pleine polémique sur les propos négationnistes du Président de l’Assemblée nationale, le Ministre des Finances fait ordonner de ses locaux, l’évacuation des pièces attestant les massacres.
A l’initiative du Ministre des Finances Adji-Otteh Ayassor, le Tribunal de première instance de Lomé, a commis un huissier de justice aux fins de sommer Me. Joseph Kokou Koffigoh, à dégager des dossiers du CASEF (bâtiment où loge le ministère des finances). Il s’agit des dossiers de la Commission d’enquête, mise sur pied par Faure Gnassingbé, aux lendemains des massacres post électorales d’avril 2005. Selon différents rapports, ces massacres ont fait entre 150 et 1500 morts.
« Me. Koffigoh est sommé d’envoyer ces dossiers accablants pour des personnalités et miliciens du pouvoir, aux archives nationales », a expliqué une source proche de premier Chef de gouvernement de la période de transition.
Un local avait été attribué à la Commission présidée par l’ancien Premier ministre, au 7ème étage du bâtiment. « C’est là que les dossiers sensibles et les pièces à conviction étaient logés depuis 2005 », nous a confié un proche de l’ancien président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH). La Commission avait produit un rapport alléguant 154 morts et proposé la mise en place d’un mécanisme contre l’impunité. Une proposition qui sera récupérée plus tard à l’occasion des négociations de l’Accord Politique Global (APG) par les représentants du pouvoir, pour demander qu’une Commission Vérité – Justice- Réconciliation (CVJR) soit mise en place pour enquêter sur les violences politiques depuis 1958.
La manœuvre visait clairement à noyer les responsabilités des évènements de 2005, dans le flot des violences de l’histoire politique tumultueuse du Togo. Des faits pour lesquels, la Commission d’enquête Koffigoh, a clairement identifié des responsabilités et qui pourraient servir à la CVJR.
Rappelons que la Commission Koffigoh qui a été créée pour durer trois mois, a pris davantage de temps face à l’étendue et la difficulté de sa mission. Ce qui a entrainé des dettes qui se chiffrent à des millions qui sont restés impayés, malgré les multiples démarches de l’ancien Premier ministre, auprès du Chef de l’Etat. Visiblement, le pouvoir a cherché une fois de plus à duper l’opinion avec cette Commission, mais ses conclusions l’ont mis mal à l’aise le pouvoir et provoqué un tsunami au sein des commanditaires présumés des massacres.
La sommation faite à Me. Koffigoh de transférer les dossiers de la Commission aux archives nationales, intervient aux lendemains d’un démenti sèchement apporté par l’ancien Premier ministre aux propos négationnistes de Abass Bonfoh, à propos des massacres d’avril 2005. L’actuel Président de l’Assemblée nationale, Président par intérim de la République à l’époque des faits, a récemment déclaré dans une interview, qu’il n y avait pas eu à sa connaissance, des morts en 2005.
Ces propos ont soulevés l’indignation des Togolais. Interpellé, au titre de président de la Commission qui a eu pour mission de faire la lumière sur ce drame, Me. Joseph Koffigoh a rappelé qu’il y a bel et bien eu des morts et confirmé le chiffre de 154 morts dont ils ont des pièces à conviction. « Nous avons été sur les tombes des victimes et avons rendu visite aux parents des victimes », a affirmé Me. Koffigoh. Est-ce cette vérité historique, qui par ailleurs reste en deçà de la réalité, qui amène à présent cette mesure de représailles contre Me. Koffigoh ?
Aghu, correspondant de Koaci.com à Lomé
Source : http://www.koaci.com/index.php?k=main&koaci=actualite_info&numero_article=8853