MANIFESTATION LE 15 OCTOBRE 2010 AU TOGO
Lutte contre la vie chère : La farine de blé subit une augmentation de plus 3.000 Fcfa
Le Groupe de réflexion et d’action contre la vie chère et les droits économiques, sociaux et culturels (Gravdesc) appelle à une journée « Togo mort » pour vendredi 15 octobre prochain. C’est ce qui ressort d’une conférence de presse organisée par les associations et syndicats affiliés au Gravdesc mercredi dernier. Selon les responsables de ce regroupement d’associations, les conditions de vie des travailleurs togolais sont actuellement très déplorables, à la limite, inacceptables.
On se souvient qu’à son accession au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé avait décidé une timide augmentation des salaires des travailleurs et après, plus rien. Même à la suite de plusieurs hausses des prix des produits pétroliers qui ont eu pour effet domino, une augmentation verticale des prix des produits de première nécessité, le gouvernement n’avait pris aucune mesure d’accompagnement des salariés malgré les itératives grognes de ces derniers. Rien n’est fait pour rendre moins pénible la situation des travailleurs togolais, s’insurge le Gravdesc. Au contraire, au sommet de l’Etat on envisage de nouvelles augmentations de prix. C’est dans cette optique que le gouvernement vient de porter unilatéralement le prix de la farine de blé de quatorze mille quatre cent (14.400) à dix-sept mille huit cent cinquante (17.850) francs Cfa.
C’est pour protester contre cette situation d’abrutissement du peuple que le Gravdesc a décidé d’appeler les Togolais à observer une journée sans travail le 15 octobre prochain. « Nous appelons les organisations des travailleurs du secteur public et privé, les associations estudiantines et scolaires, les organisations paysannes (…) et toute la population à respecter le mot d’ordre « Togo mort » de 24 heures pour le vendredi 15 octobre 2010 sur toute l’étendue du territoire national », a confié le porte-parole du Gravdesc, Me Amékoudji. Le but de cette manifestation, dit-il, c’est d’amener le gouvernement à sortir de sa léthargie actuelle et ouvrir des discussions franches sur les conditions de vie et de travail des salariés, à parler de la cherté de la vie, de l’augmentation des prix des produits pétroliers, des conditions de vie et d’étude des étudiants. « Nous voulons demander au gouvernement de revoir la situation de la précarité des travailleurs, les prix sur le marché, les conditions de vie et de travail des étudiants et un certains nombre de choses et accepter que nous nous asseyions pour en discuter », a laissé entendre Me Amékoudji.
Commentaire
Le gouvernement va-t-il laisser prospérer ce mouvement lancé par le Gravdesc ou tentera-t-il de l’empêcher comme il est de coutume au Togo ? C’est là une question que se posent nombre de Togolais et pour cause, au Togo on considère un citoyen comme un pourfendeur du régime lorsque celui-ci ose prendre ces types d’initiatives. Il est très mal vu des dirigeants lorsqu’il décide de revendiquer ses droits légitimes et constitutionnels. On le traite de tous les noms d’oiseau et l’appelle pour l’intimider ou le menacer. Parfois on lui tend des enveloppes bien renflouées pour essayer de l’amadouer et l’amener à surseoir à son initiative, nombre de responsables syndicaux sont tombés dans ce piège, ce qui les empêche aujourd’hui de prendre le devant de la lutte sociale pour défendre les droits de leurs syndiqués malgré leur situation peu enviable.
Les responsables du Gravdesc pourront-ils réussir là où d’autres ont échoué et ont perdu tout crédit aux yeux de la population ? En juillet dernier, c’étaient les responsables de l’Intersyndicale des travailleurs du Togo (Istt) qui avaient cédé aux pressions et abandonné la lutte à quelques heures du début d’une manifestation du même ordre.
« Le courage dont font preuve les organisations affiliées au Gravdesc telles que la Ligue togolaise des droits de l’Homme (Ltdh), l’Association togolaise des droits de l’Homme (ATDH), l’association Vie de qualité (Vq), la Fédération des travailleurs de bois et de la construction (Ftbc) et l’Association togolaise des consommateurs (Atc) est appréciable et doit être soutenu afin d’amener les autorités à plancher sur la situation des travailleurs au lieu de célébrer deux fois la même fête et investir dans des dépenses de prestige qui n’apportent rien au pays », affirme un ancien syndicaliste.
Olivier Adja
LIBERTE HEBDO TOGO