Communiqué de presse ACAT-Sénégal – FIACAT – ACAT-France
ACAT-Sénégal
Dakar/Paris, le mercredi 15 février 2012 – Alors que les autorités sénégalaises ont interdit une marche de l’opposition prévue aujourd’hui, à Dakar, et ont dispersé plusieurs tentatives de marches avec du gaz lacrymogène, nos organisations appellent les autorités sénégalaises à faire preuve de retenue dans le maintien de l’ordre public.
Les forces de l’ordre, en tant que représentants de la loi, doivent impérativement respecter les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois et le Code de conduite des Nations Unies pour les responsables de l’application des lois. Selon Léonie Mandang, Présidente de l’ACAT-Sénégal : « Les forces de l’ordre doivent éviter de recourir à une force excessive en cas de heurts et de confrontations avec des manifestants. Aucune vie de ne doit être mise en danger par quiconque ».
Pour Sabrina Aït-Aoudia, Secrétaire générale de la FIACAT : « Le respect des droits de l’homme et des libertés d’association, de rassemblement et d’expression est particulièrement important pour la bonne tenue des élections et personne ne peut y déroger. Or, toutes les garanties nécessaires pour assurer des manifestations sécurisées n’ont pas encore été données à ce jour ».
Ces dernières semaines ont été marquées par une escalade de la violence politique au Sénégal. Au moins quatre personnes, dont un policier, sont mortes. De nombreuses autres personnes ont été blessées lors de manifestations. Un nombre indéterminé de sympathisants de l’opposition ont été arrêtés et certains d’entre eux demeurent en prison. Cette hausse de la tension est inquiétante et risque de ternir l’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu dimanche 26 février 2012, et de plonger le pays dans une crise sans précédent.
« Tous les incidents qui ont occasionné des violations des droits de l’homme doivent faire l’objet d’une enquête appropriée et les auteurs présumés de ces actes, manifestant ou agent des forces de l’ordre, doivent être traduits en justice » affirme Clément Boursin, Responsable des programmes Afrique à l’ACAT-France.
Afin de prévenir toute éventuelle violation des droits de l’homme, l’ACAT-Sénégal, la FIACAT et l’ACAT-France appellent les autorités sénégalaises à :
- Accorder une place centrale à la protection des droits de l’homme avant, pendant et après la tenue du scrutin ; Assurer la sécurité des personnes et des biens, avant, pendant et après les élections par un dispositif sécuritaire qui respecte, en toutes circonstances, les normes internationales en matière de respect des droits de l’homme ;
- Rappeler clairement aux forces de l’ordre qu’elles ne doivent en aucun cas commettre de violations des droits de l’homme, et les avertir que dans le cas contraire, elles seraient amenées à rendre compte de leurs actes devant la justice ;
- Garantir, en toutes circonstances, les libertés d’association, de rassemblement et d’expression ; S’abstenir de toute limitation ou suspension des libertés fondamentales par l’instauration de situations d’exception, favorables aux violations des droits de l’homme ; Libérer toutes les personnes arrêtées pour des motifs politiques ;
- Assurer avant, pendant et après les élections, le droit à l’information et la liberté de circulation en permettant aux journalistes, aux observateurs nationaux et internationaux et aux défenseurs des droits de l’homme de couvrir sans entraves le processus électoral dans son intégralité ; Appeler les médias et les journalistes à un traitement professionnel de l’information et de la couverture électorale et au respect des règles d’éthique et de déontologie ;
- Veiller à ce que des enquêtes, indépendantes, impartiales et transparentes, soient menées sur tous les incidents ayant occasionné des violations des droits de l’homme afin que leurs auteurs présumés soient traduits en justice ;
- Garantir des élections crédibles, libres, justes, transparentes et apaisées ; Garantir, pendant tout le processus électoral, un accès équitable des candidats et de tous les acteurs politiques à l’ensemble du territoire sénégalais et aux médias d’État ; Veiller à ce que tous les citoyens sénégalais puissent participer librement et sans intimidation à l’élection présidentielle ;
- Nos organisations exhortent l’ensemble des candidats à s’abstenir de déclarations et d’actes pouvant déclencher de nouvelles violences.
- Nos organisations appellent enfin la communauté internationale à indiquer clairement qu’elle ne tolérera pas la perpétration de violations des droits de l’homme et demandera des comptes aux responsables de tels actes.
Contacts presse :
– ACAT Sénégal – Léonie Mandang – acatsenegal@yahoo.fr – +221 77 17 68 031
– FIACAT – Sabrina Aït-Aoudia – saa@fiacat.org – +33 (0)1 42 80 01 60
– ACAT France – Ophélie Latil – ophelie.latil@acatfrance.fr – +33 (0)1 40 40 40 24