Peu avant 16 heures des centaines d’agents de la Police nationale et de la Gendarmerie, armés de matraques de boucliers et de lance gaz lacrymogène, quadrillent toutes les entrées du quartier. Des habitants revenus du service sont empêchés de rentrer dans leur domicile. Idem pour les responsables de l’UFC, dont Jean-Pierre Fabre, contraint de rebrousser chemin.
Vers 17heures, des agents des forces de sécurité investissent les locaux du siège du parti dont le candidat à la présidentielle du 04 mars, Jean-Pierre Fabre, soutenu par le FRAC, revendique la victoire. Des militants dont deux journalistes en reportage ont été embastillés et amenés à la Gendarmerie. Les deux journalistes seront peu après, relâchés sur intervention de deux autres et suite à un appel du Secrétaire général de l’Union des Journalistes Indépendants du Togo (UJIT), au Directeur général de la gendarmerie, le Col. Damehane Yark..
Les ordinateurs et autres matériels informations sont emportés .Les chaises en plastiques, les pancartes et autres objets de campagne, systématiquement endommagés. Portes et meubles ont été défoncés et tout le matériel informatique ainsi que des dossiers emportés. Des militants et autres passants surpris par l’intervention sont bastonnés sous la surveillance d’officiers, qui veillent pour calmer l’ardeur des agents zélés. Les militants et objets emportés sont jetés dans un gros camion de la Gendarmerie posté devant le siège. Pendant ce temps, des cordons déployés aux différentes entrées du quartier, tiennent les populations en colère, loin du siège.
Une interdiction formelle est faite à tous les passants, résidents ou non. Des habitants du quartier invectivent véhément les agents postés dans les cordons de part les entrées du quartier. Face à la détermination des militants restés massés de part et d’autre du boulevard circulaire, l’électricité est interrompue dans le quartier. C’est la seconde fois qu’on note en trois semaines, des actes de vandalisme des forces de sécurité, au siège de l’UFC, à l’occasion d’une veillée de prières. « Le pouvoir redoute la dimension spirituelle de la lutte des forces démocratiques pour la libération de la nation », en conclut un pasteur d’une église charismatique, venu participer à la veillée.
Selon nos témoignages recueillis sur place, certains éléments sont entrés dans des maisons pour y exercer des violences sur les habitants. C’est le cas de la maison Freitas, sur à l’angle du feu rouge, en face de l’immeuble Fiata. L’une des victimes, un Nigérian (Ibo), s’en serait sorti avec un traumatisme crânien. Il criait pourtant qu’il n’était pas de nationalité togolaise. Mais les éléments ont continué par le tabasser. Des jeunes ont été fessés avant d’être embarqués.
Selon un premier bilan établi par l’UFC, près de 70 militants dont le Secrétaire National à l’Organisation, Robert Olympio, le Président de la jeunesse de Lomé Commune, Jean Eklou, le Secrétaire Administratif, Ralph Atoukouvi etc.. ont été arrêtés. La manifestation n’a pourtant pas été interdite. Le siège du quartier a duré jusqu’à 21 heures, où les forces de sécurité déployées, ont été embarquées par vagues sous les quolibets des populations en colère. « Pourquoi Faure Gnassingbé use t-il de la violence pour étouffer la contestation s’il est convaincu d’avoir la majorité des Togolais acquise à sa cause », se demande un manifestant.
Visiblement, cette tournure dans la posture jusqu’ici adoptée par le pouvoir face aux manifestations de contestations, complique la situation. Les populations ne semblent guère disposées à céder à cette stratégie de la terreur pour étouffer la contestation. « Nous allons nous battre jusqu’au rétablissement de la vérité des urnes », crie l’un deux entre deux courses poursuites avec les forces de sécurité. Tous les signaux sont au rouge et on redoute des violations massives des droits de l’homme, dans le but d’imposer le pouvoir de Faure Gnassingbé, une seconde fois par une tragédie.
Lors d’une point de presse donnée cet après midi, le Directeur général de la Gendarmerie national, a rejeté les accusations et menacé de porter plainte devant la justice. Selon lui, l’opération s’est déroulée dans le calme et le respect des normes déontologiques.