Faure Gnassingbé persiste et signe dans son autisme politique ! Contrairement à la citation contenue dans son discours commémoratif du 50ème anniversaire de l’indépendance du Togo, prononcé lundi : « le jour n’est pas encore venu sur le Togo ».
Les festivités qui ont marqué le 50ème Anniversaire de l’indépendance ont été d’une indigence rare, à l’image de celle des cinq ans de gouvernance que nous venons de subir ! Et le discours présidentiel, comme d’habitude, tout entier rempli de contrevérités cyniques ; qui ne font plus illusion auprès d’une population dont la grande majorité est obligée de se « débrouiller », pour survivre au quotidien ; n’a pas davantage relevé le niveau des manifestations organisées pour la circonstance.
Mais ce pouvoir a surtout montré la profondeur abyssale de son indigence politique, lorsqu’il agresse a coup de grenades lacrymogènes, des jeunes gens pacifiques à Dekon, au centre ville de Lomé, le jour même de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du pays, au prétexte qu’ils étaient habillés d’un T-shirt à l’effigie de l’Union des Forces de Changement (UFC), et porteurs d’un drapeau de 40 m, aux couleurs nationales, bloquant un moment la circulation.
Mieux encore, à partir de ces quelques échauffourées, le pouvoir sortant par le biais du Ministère togolais de la Sécurité et de la Protection civile, à travers un communiqué provocateur et mensonge, tente de fomenter un coup politique, pour museler la contestation populaire qui ne cesse de grandir. Selon ce communiqué de « petits groupes incontrôlés de partisans de l’opposition ont commis de multiples actes de vandalisme troublant sérieusement l’ordre public »…« Il est regrettable qu’en dépit de l’entente préalable, les responsables du FRAC et de l’UFC n’aient pu respecter leur parole pour contenir leurs militants ». Mais la manœuvre est éculée, car elle ressemble à s’y méprendre, à celles trop nombreuses que nous avons connues par le passé, pour faire taire la moindre voix qui osait s’opposer aux thèses officielles.
Si comme Faure Gnassingbé a osé le dire dans son allocution : « l’adversaire n’est pas forcement un ennemi », pourquoi alors dans ce cas, depuis le 4 mars ses adversaires politiques sont systématiquement agressés, sur ses ordres, à coups de grenades lacrymogènes, battus, violés, arbitrairement d’emprisonnés et torturés ? Son discours est tombé à plat dans la mesure où ce lundi 26 avril plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, du Togo, ont remis au Ministre des Droits de l’homme un mémorandum dans lequel elles dénoncent : « le silence coupable des autorités togolaises face à la dégradation de la situation des droits de l’homme au Togo ».
Ce n’est pas non plus un hasard, que pas moins de trois organisations internationales de défense des droits de l’homme dont le bureau du HCDH au Togo, soient intervenues publiquement pour dénoncer par anticipation les contrevérités que Faure Gnassingbé a prononcées publiquement sur le sujet.
Ainsi, le Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) au Togo a relevé : « Une multiplication des actes de violence à Lomé et dans d’autres villes togolaises, notamment Atakpamé, Tsévié et Danyi »… « Le Bureau du HCDH a recueilli des allégations sérieuses selon lesquelles les forces de gendarmerie auraient eu recours à un usage excessif de la force vis-à-vis des membres du FRAC (Front Républicain pour l’alternance et le changement) »…« De plus, elles auraient arrêté et soumis aux mauvais traitements des opposants. En conséquence, plusieurs personnes, y compris des personnes âgées et des mineurs, auraient été maltraités et blessés ».
De son côté L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) et AMNESTY INTERNATIONAL ont une nouvelle fois demandé à Faure Gnassingbé de mettre fin a l’impunité dont jouissent les auteurs des violences politiques de 2005, en déplorant que : « Cinq ans après les violences politiques d’avril 2005 – ayant causé la mort de près de 500 personnes, selon les Nations unies », « le cycle de l’impunité perdure toujours au Togo ». « Mais aucune enquête judiciaire n’a encore été ouverte faute de volonté politique ».
Clément BOURSIN, responsable des programmes Afrique à l’ACAT-France a déclaré : « La quête de réconciliation affichée par les autorités en place ne doit pas se faire aux dépens d’un processus judiciaire visant à établir la responsabilité pénale individuelle des auteurs des violences d’avril 2005 ».
De son côté, Salvatore SAGUES, chercheur d’Amnesty International, chargé de l’Afrique de l’ouest francophone a relevé : « A l’heure où le président réélu cherche à rassembler le plus grand nombre de Togolais autour de son projet de développement du pays, nous attendons (…) des actes en vue d’éradiquer l’impunité des auteurs et des responsables des graves atteintes aux droits humains perpétrées lors de la précédente élection présidentielle d’avril 2005 ».
L’organisation de cet anniversaire et la parole présidentielle prononcée ce jour, sont une honte nationale et les révélateurs par excellence du deuil du peuple Togolais !
Après de tels constats, émis par des organisations dignes de foi, Faure Gnassingbé peut toujours, comme d’habitude la main sur le cœur, demander aux togolais : « accoudés à un amour profond pour la Nation de se donner la main pour bâtir leur pays, dans la vérité et la justice », mais qui peut encore aujourd’hui au Togo et au sein la communauté internationale accorder le moindre crédit à sa parole et encore moins la confiance à ses actes ?
Quand il ose affirmer : « Ne penser qu’à soi est la peste à combattre surtout si on l’associe au sentiment qu’il faut tout attendre de l’Etat », dans quel sens le peuple togolais doit-il prendre le message ? Sous un aspect anodin cette phrase est d’une violence extrême et résonne comme une provocation aux oreilles de tous les togolais, sous les yeux desquels, chaque jour que Dieu fait, se commet le pillage éhonté de la richesse nationale qui leur revient de droit, au seul profit de l’oligarchie au pouvoir !
Comment un homme qui roule dans une voiture qui coute des centaines de millions de francs CFA et habite dans un Palais personnel que mille ans de salaire de Président de la république n’arriveraient pas à payer, peut-il oser dire aujourd’hui à des millions de ses compatriotes, qui par la faute de sa gouvernance disposent tout juste de 500 FCFA pour vivre chaque jour et sont désarmés lorsque la maladie les frappe, que de penser un peu à eux serait une « peste à combattre », et qu’ils n’ont rien à attendre de l’Etat ?
Faure Gnassingbé ne doit sans doute pas savoir que manger à sa faim et pouvoir se soigner sont des droits humains fondamentaux inscrits en toutes lettres dans la déclaration universelle des droits de l’homme, que la Constitution du Togo a intégrée expressément dans son corpus !
C’est sans doute, pour cet ensemble de raisons objectives, qu’aucun Chef d’Etat de la sous-région, n’a daigné honorer de sa présence les pâles cérémonies du 50ème anniversaire de l’indépendance. Malgré la kyrielle de messages de félicitations parvenus à Lomé, cela en dit long sur leur degré réel d’estime et de confiance.
Faure Gnassingbé a raison sur un point « L’heure des palinodies est passée, nous devons nous ressaisir ». C’est justement parce que dans son discours ce mot est employé à contre-sens (palinodies signifiant rétractation, changement d’opinion) que des millions de Togolais, à travers le Togo tout entier, lui signifient aujourd’hui le changement d’opinion qu’ils émettent à son égard, en lui demandant les comptes exacts du scrutin du 4 mars 2010, autant que la vérité des comptes publics, pour réclamer d’un seul coup, à la fois la démocratie politique à travers le respect de la vérité des urnes et la justice sociale à travers une juste répartition des fruits de la richesse nationale.
Cette : « nouvelle page de notre histoire qui s’ouvre devant nous », que Faure Gnassingbé dit vouloir « plus glorieuse, plus fraternelle », le peuple togolais est en train de lui signifier, jour après jour, samedi après samedi, dans toutes les villes du Togo, dans le plus grand calme et de manière pacifique, qu’il ne lui fait plus confiance pour l’écrire avec lui !
Faure Gnassingbé a raison sur un deuxième point : « Les leçons du passé doivent nous servir à entrer dans une nouvelle espérance ». C’est justement parce le peuple togolais a tiré toutes les leçons du passé, et que Faure Gnassingbé a apporté la démonstration qu’il n’y a rien à attendre de positif de sa gouvernance, qu’il mène le combat politique pour la vérité des urnes et l’avènement d’une véritable alternance politique assortie d’une offre économique, sociale et politique de grande qualité ! La sortie de la crise politique actuelle, ne peut se réaliser que par l’avènement d’un gouvernement de transition, à terme et mandat précis, préparant un nouveau scrutin libre et transparent auquel toutes les forces ayant participé à l’élection présidentielle seront parties prenantes.
Pour ces raisons, et aussi parce que nous avons par avance anticipé le jeu politique de dupes, que Faure Gnassingbé est en train de nous préparer à travers le gouvernement d’Union Nationale qu’il va proposer dans quelques jours ; en s’appuyant sur la duplicité de certains qui n’hésitent pas à galvauder les convictions politiques de toute une vie, et portent en ce sens une lourde responsabilité vis à vis du peuple togolais ; le combat pour la vérité des urnes ne perdra pas de son intensité, et ce malgré les tentatives d’intimidation, d’où quelles viennent !
L’espérance est bien aujourd’hui au Togo du côté des forces de l’Alternance !
Plus jamais, le peuple Togolais ne se laissera duper par quelque marchand d’illusion que ce soit ! Après cinquante ans d’illusions éclatées, voici venu le temps de la clairvoyance pour la vérité des urnes et la vérité des comptes !
En avant pour la Résistance Citoyenne, pour que vive un Togo Libre et Prospère !
Que Dieu bénisse le Togo et chacun de ses enfants !
Fait à Lomé le, 28 avril 2010.
Le Président National d’OBUTS,
Agbéyomé KODJO.