Il n’y aura pas de deux poids deux mesures à l’UFC, a dit son secrétaire général Jean-Pierre Fabre au cours du méga meeting de la plage, point d’aboutissement de la marche des samedis du FRAC. Laquelle marche a battu le record d’affluence. Jamais depuis le début de la contestation des résultats de la présidentielle, une manifestation pacifique du FRAC n’a atteint un si grand nombre. Le chiffre pourrait dépasser 500 mille personnes qu’avancent d’ordinaire les organisateurs.
“Nous avons suspendu Amah Gnassingbé, je ne vois pas pourquoi on ne devrait pas suspendre ceux qui se mettent en marge des règlements du parti », a ajouté Jean-Pierre Fabre, candidat élu selon le FRAC à la présidentielle de mars 2010. « Nous ne pouvons pas lutter pour la démocratie sans l’appliquer à nous-mêmes », a-t-il dit en écho à l’actualité nationale. Une fraction du parti conduite par Gilchrist Olympio, est présente en effet au gouvernement Houngbo II. Jean-Pierre Fabre et la plupart des intervenants ont parlé de Gilchrist Olympio sans le nommer une seule fois, signe du mépris qu’ils éprouvent pour la personne. Apparemment sans le dire ouvertement, Gilchrist Olympio et les AGO seraient déjà mis définitivement hors du parti, ce qui explique peut-être actuellement les atermoiements du site officiel de l’UFC contre Fabre.
Cette crise interne de l’UFC a essentiellement dominé les interventions au cours de ce meeting. « Quand ils disent qu’ils ont un soutien massif des fédérations, il s’agit d’un mensonge et cela constitue un raisonnement très faux. Les fédérations ne sont pas des instances de décisions du parti. En vérité, ils ont envoyé une lettre demandant aux fédérations si le président national peut prendre des contacts exploratoires avec le pouvoir, cela ne veut pas dire qu’elles ont donné leur accord quant à une participation au gouvernement et puis, il n’est jamais plus revenu les consulter quand il a décidé de les conduire au gouvernement », a expliqué Jean-Pierre Fabre à la foule.
« Nous sommes un parti en lutte pour la démocratie et nous devons respecter les principes démocratiques. Les statuts disent que le président national applique les décisions du Bureau national, et le Bureau national a décidé que l’on ne doit pas participer au gouvernement », a rajouté M. Fabre visiblement plus déterminé.
Selon Fabre, il ne faut pas semer la confusion dans les esprits. «Le problème dont on parle, c’est le vol de la présidentielle. Tant qu’on trouvera une solution à ce vol, il n’y aura plus de problème mais ça certaines personnes ne veulent pas en attendre parler et on perd notre temps à parler de vétilles», a encore expliqué Jean-Pierre Fabre, le leader du FRAC.
Le meeting de ce samedi a viré totalement dans le dénigrement systématique du président national de l‘UFC, notamment de la part de ses soutiens inconditionnels. Les femmes du grand marché d’Adawlato, du marché de Bè et d’Atikpodji ont même donné dans des chansons de circonstances pour se moquer de M. Olympio. Sans le nommer une seule fois, elles l’ont raillé à plusieurs reprises. D’autres n’ont pas hésité à crier « Héélou !» , une incantation de ‘Malheur’.
La palme revient à Madame Sokpokli, député UFC de Lomé Commune et président des femmes de l’UFC. « Il vient dans ce pays et nous lui avons ouvert la porte mais il a préféré passer par les murs et s’est fait arracher les c… par les tessons de bouteilles et il est devenu comme une femme », dit Mme la député. « Vous savez comment se conduit un homme quand il se met dans la tête de faire la femme… », a raillé cette femme qui préside des organisations qui ont assis la popularité de Monsieur Olympio. « Gilchrist, fils de Sylva tu nous as trahis », pouvait-on lire sur une pancarte.
Les leaders du FRAC sont également présents, exception faite de Yamgnane en tournée en Europe, de Péré et de Agbéyomé Kodjo. « Nous avons été confus, mais quand nous nous sommes expliqués, tout le monde est rentré dans les rangs et nous avons décidé de continuer à soutenir notre cause commune, à savoir la victoire pour Jean-Pierre Fabre », a déclaré Patrick Lawson très ému.
Quant à Tchaboré Gogué de l’ADDI, il dit avoir été impressionné par la force de la mobilisation : « ils ont formé leur gouvernement et ils attendent à voir peu de gens dans la rue. Ils se sont trompés. Ça montre que leur gouvernement est un non-lieu. Quand quelqu’un a mené une lutte pendant 40 ans et il part au gouvernement dans ces conditions et que ces soutiens ne le suivent pas, ça montre que le peuple togolais ne suit pas un homme mais une idée du Togo », a conclu le leader de l’ADDI.
Parallèlement à cette marche du FRAC, le RPT parti au pouvoir a organisé une marche de soutien au gouvernement de “large ouverture”. Ils étaient quelques milliers.
Rendez-vous du FRAC le samedi prochain même heure, même lieu.