Et si le vrai ministre des Affaires étrangères et da la Coopération était … Koffi Essaw ?
Elliot Ohin, simple objet d’exhibition
Dans un de nos récents articles, nous écrivions que Faure Gnassingbé a taclé le tout nouveau ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Elliot Ohin, faisant allusion à la nomination par le « Leader nouveau » de l’ancien titulaire du poste Koffi Essaw comme Conseiller diplomatique à la Présidence, chargé des Affaires étrangères et de la Coopération.
C’était un véritable croc-en jambe à Gilchrist Olympio et ses amis qui « s’enjaillent » de leur collaboration avec le pouvoir. Cet article nous avait valu des piques du très officiel site de la désinformation du Togo, qui s’est échiné à nous servir des cours de diplomatie en parlant du cabinet du Président français Sarkozy qui a un Conseiller diplomatique, Jean-David Levitte, bien qu’il y ait déjà un ministre des Affaires étrangères en la personne de Bernard Kouchner. Mais le confrère a habilement occulté l’aspect selon lequel le fameux Conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy ne marche pas sur les plates bandes de Kouchner, au contraire du Togo où Koffi Essaw est encore chargé des Affaires étrangères et de la Coopération. Et d’ailleurs Faure Gnassingbé avait déjà un Conseiller diplomatique en la personne de Robert Dussey, et il n’y avait donc pas grand besoin d’un autre conseiller pour les mêmes charges.
Dans cet article, nous redoutions un chevauchement des prérogatives, mieux, présagions que le véritable ministre des Affaires étrangères et de la Coopération sera Koffi Essaw, au détriment de Elliot Ohin qui n’aurait qu’un simple rôle de figurant et ne serait qu’un faire-valoir. Nous ne croyions pas si bien dire, les faits semblent déjà nous donner raison.
Il a été rapporté par « republicoftogo.com » que Elliot Ohin était depuis vendredi en tournée aux Etats unis d’Amérique pour rencontrer les diplomates togolais en poste au pays de Barack Obama. A en croire cette source, le premier dans la hiérarchie des ministres AGO devait évoquer avec les diplomates trois (03) questions : les nouvelles missions de la diplomatie togolaise, le rôle de la diaspora dans la reconstruction du pays, et les conditions de vie et de travail des diplomates togolais. Malgré ce cahier de charge très fourni brandi pour justifier cette mission, les mauvaises langues avancent que le néo-ministre est plutôt parti en vacance. Cela n’engage qu’eux, nous autres on s’en tient à la version officielle. Mais voilà, pendant que Elliot Ohin entretenait les diplomates togolais à New York, Koffi Essaw était à Yaoundé au Cameroun pour régler un gros dossier, celui de la succession à la direction générale de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique (Asecna), pour laquelle serait en course un compatriote.
En effet le « simple » Conseiller diplomate chargé des Affaires étrangères et de la Coopération était aperçu sur les écrans, un gros dossier sous le bras, à la taille de la structure pour la cause de laquelle le déplacement a été fait. Quand le cabinet personnel de Faure Gnassingbé en vient à s’approprier un tel dossier malgré que ce soit une affaire qui concerne le ministre des Affaires étrangères, c’est montrer toute son importance. Des prestations de l’Asecna dépend la crédibilité de la navigation aérienne sur le continent, c’est donc une affaire sérieuse qu’on ne peut pas se permettre de brader à des novices ; on ne doit donc la confier qu’à des gens de confiance. Et Faure Gnassingbé ne s’est pas trompé de choix : Koffi Essaw. Pendant que le ministre de tutelle papotait avec les diplomates togolais en poste aux USA, le Conseiller diplomatique lui, s’occupait d’un dossier sérieux. Voilà qui illustre la véritable hiérarchie à ce ministère.
On n’a jamais cessé de le dire, Elliot Ohin ne servira que de simple faire-valoir au régime Faure Gnassingbé en mal de légitimité tant nationale qu’internationale, après le simulacre d’élection présidentielle du 4 mars dernier. Il sera juste un produit de publicité à brandir à l’endroit de la communauté internationale pour redorer le blason de l’« heureux élu ». Le message sera : voilà, nous collaborons avec nos pires adversaires politiques d’hier, nous sommes devenus fréquentables. Elliot Ohin sera ainsi constamment mis au devant de la scène et brandi comme un trophée de chasse. A peine le néo-ministre a-t-il pris fonction qu’il a été embarqué dans la délégation présidentielle pour le sommet Afrique-France de Nice en France des 31 mai et 1er juin. A peine a-t-il déposé ses valises de retour de France qu’il s’est envolé pour Abuja d’où il a rapporté mot pour mot de pseudo appréciations des gouvernements de la sous-région au sujet de la collaboration Rpt-Ufc (sic) et de l’entrée de ministres du parti au gouvernement Houngbo II. Le dernier cas en date est le déplacement de New York.
Elliot Ohin sera exhibé au maximum, et c’est juste pour ça qu’il est nommé. Cela vaut aussi pour les autres ministres AGO. Ils sont loin d’être nommés pour leurs compétences – la plupart sont d’ailleurs des calamités linguistiques. Même si le fameux accord Gilchrist-Solitoki leur concède la latitude de former leur cabinet, ils ne serviront pas à grand-chose. Les dossiers sérieux seront toujours confiés aux membres du gouvernement parallèle, et les ministres officiels n’auront pour rôle que de lancer ou clôturer des séminaires.
Tino Kossi
LIBERTE HEBDO TOGO