« Les caïmans du marigot ont appris à manier le lexique du pluralisme, de la transparence et de la « bonne gouvernance » …
pour mieux s’affranchir de ses effets.»
Vincent Hugeux 1
1. INTRODUCTION
Avec « la chute du mur de Berlin », soit depuis 1990, j’ai, très longtemps, cru que c’est seulement sur le continent africain, notamment dans les anciennes colonies françaises, que la Démocratie continuait à se voir malmenée par de petits « princes » assoiffés de pouvoir égocentrique et à vie. Or, depuis quelques jours à peine, j’observe qu’il n’en est rien. En effet, en Asie, en Europe, en Amérique –même aux Etats-Unis– des roitelets sans vergogne n’hésitent guère à tordre le cou à ce noble mode de gouvernance des sociétés humaines qui s’avère –ainsi qu’unanimement reconnu– le moins mauvais (!!!) possible. Plus particulièrement, en voyant ce qui se passe de nos jours-ci en Guinée-Conakry, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Tchad, en RDC, au Congo-Brazzaville, au Burundi, en République du Bénin, au Togo, etc., j’éprouve , dans ma peau de Nègre, une énorme dose de honte, de nausée, d’amertume, d’horreur, de meurtrissure. Et voilà ce qui m’amène à, une fois de plus, brandir ma plume. Pour l’éclairage bénévole des jeunes africains en général, et togolais plus singulièrement. Continuons donc.
2. QUELQUES DÉFINITIONS LITTÉRAIRES CLASSIQUES DE LA DÉMOCRATIE
Étymologiquement, le concept de « démocratie » est une simple combinaison, un simple agencement de deux racines grecques : « dêmos » = peuple, communauté humaine, cité, ethnie, et « kratia » = gouvernement, administration, gestion.
En vertu de quoi, la définition d’Abraham Lincoln apparaît, jusqu’à preuve du contraire, l’une des plus claires, des plus véridiques, des plus belles : « La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple »
Mais, de facto, la notion de démocratie recouvre une réalité évolutive, sociologique, progressive. Une réalité qui se densifie, se complexifie dans le temps et l’espace. Une réalité asymptotique. Voilà la raison pour laquelle, bien avant Abraham Lincoln, Charles Montesquieu de Secondat nous avait offert une définition qui reflète mieux ce caractère civilisationnel, humaniste, asymptotique de la démocratie. Il dit : « La démocratie, c’est la substitution progressive de l’administration des choses au gouvernement des hommes »
Par ailleurs, pour ma modeste part personnelle, je considère que la sagesse grecque héritée de la civilisation de l’antique Egypte qui, selon la retentissante thèse de Cheikh Anta Diop, était négroïde pour ne dire nègre– la sagesse grecque, je crois, nous a légué la mythologie d’Antigone. De cette sublime femme qui aura sacrifié sa vie pour asseoir une définition implicite mais claire telle une source de montagne. Une définition éternelle : « Il ne saurait y avoir de cité qui soit le bien, ou le privilège, ou l’apanage d’un seul individu ou d’un infime groupe d’individus » !!!
Enfin, les sociétés négro-africaines précoloniales aussi connaissaient et pratiquaient la Démocratie. Que dis-je ? Je veux dire que ces sociétés-là étaient même plus démocratiques –à certains égards– que les nôtres d’aujourd’hui. Car, ce sont bel et bien les colonisateurs occidentaux qui nous ont rapporté les scènes de l’ « Arbre à Palabre » de nos ancêtres, scènes qui correspondaient à celles de l’ « Agora » athénienne …
3. LA DÉMOCRATIE LA TÊTE EN BAS LES PIEDS EN L’AIR !!!
L’épigraphe qui figure au début du présent griffon résume tout ! De petits « princes », des roitelets post-et-néocoloniaux ont bien, très bien étudié les principes premiers, fondamentaux, basiques de la Démocratie. Puis ils ont renversé ce concept : la tête en bas, les pieds en l’air. Oui ! Vincent Hugueux a parfaitement raison.
Oui ! S’agissant de tel ou tel pays, surtout dans les ex-territoires colonisés par la France en Afrique, toutes les institutions requises par la Démocratie sont en place, mais gérées par des commis alimentaires inféodés au « prince ». Le pays est divisé géopolitiquement. Le nord est opposé au sud, l’est à l’ouest. Les masses laborieuses sont systématiquement (!) affamées et achetées le jour du vote électoral avec quelques kilogrammes de maïs, de riz ; avec quelques sacs de sel, quelques bouteilles d’huile, paquets de sucre, morceaux de savon ; avec quelques billets de banque « flambant neufs ».
L’assemblée nationale, les Forces armées, la Commission des Droits de l’Homme, l’organe chargé de la Presse et de la Communication, etc., sont confiés à des thuriféraires stipendiés. La loi fondamentale, c’est-à-dire la Constitution est modifiée par le « prince » chaque fois qu’il le juge nécessaire pour lui. Tous les moyens financiers, logistiques, diplomatiques, en ressources humaines de l’Etat sont à la disposition exclusive du roitelet à l’occasion des scrutins électoraux !!! …
De la sorte, les résultats des « élections » sont établis (!!!) avant même (!!!) la tenue des scrutins ?
4. QUE FAIRE ? !
Concernant le Togo en premier lieu, bien sûr, je ne puis ici que répéter ce que JE CROIS INTIMEMENT (!!!) et que j’ai déjà dit et/ou écrit plus d’une (!!!) fois.
D’abord, notre Peuple se doit lui-même de continuer à lutter, à se battre, comme nous l’a enseigné notre immortel frère Thomas Sankara qui martelait : « Seule la lutte libère » !!!
À ce propos, je donnerais volontiers l’exemple du Peuple biélorusse qui se trouve à la manœuvre à l’heure même où je suis en train de tracer ces lignes-ci.
Dans cet ordre d’idées, je me permets de suggérer, à l’instar de ce que le Peuple malgache vient juste de faire, que nous insérions, dans nos Constitutions à venir, une CLAUSE aux termes de laquelle le « Président » sortant ne puisse nullement (!!!) s’accaparer tout seul (!!!) des moyens de l’Etat pour sa campagne électorale ….
Quant à nous autres, combattants togolais de la liberté, nous qui aimons la Terre de nos Aïeux et le brave Peuple togolais, nous nous devons de résoudre deux problèmes majeurs, cruciaux : (i) Liquider notre chronique INCOHÉRENCE idéologique, politique et organisationnelle. Et ce, sur notre terrain et au sein de notre Diaspora (ii) Puis, combler le flagrant, béant et criard FOSSÉ qui crève les yeux entre notre terrain et notre Diaspora.
Entre nous, nous nous devons de faire preuve d’abnégation, de compréhension, d’esprit d’ouverture, de TOLÉRANCE MUTUELLE. Car, en tant qu’êtres humains, nous avons, les uns et les autres, nos qualités et nos défauts …
Plus spécialement (!!!), nous nous devons de trouver les voies et les moyens idoines susceptibles de nous permettre de convaincre les FAT (Forces Armées Togolaises) que le pacifiste et pacifique Peuple togolais ne saurait être leur cible, et que, RÉCIPROQUEMENT (!!!), elles ne sauraient être des ennemies de ce Peuple.
Pour ce qui touche la soi-disant « Communauté internationale », il est grand temps qu’elle abandonne son hypocrisie éhontée, ridicule, et dise à nos roitelets de cesser de s’accrocher mordicus, ad vitam aeternam aux rênes du pouvoir. Par exemple, un Guinée-Conakry et Côte d’Ivoire, il est évident (!!!) que c’est à Alpha Kondé et Alassane Ouattara que cette prétendue « Communauté » aurait dû avoir le courage de dire la vérité (!). Un point, un trait. Au lieu de continuer à se cacher derrière des intérêts inavouables.
5. CONCLUSION
Chers authentiques combattants togolais de la liberté (!), j’ai l’intime conviction que nous avons : (i) au bercail, (ii) au sein de notre Diaspora, (iii) entre notre bercail et notre Diaspora, sur la base des points idéologiques, politiques et organisationnels communs à identifier, à RÉALISER TROIS CHOSES INCONTOURNBABLES :
- Premièrement, NOUS ORGANISER !
- Deuxièmement, NOUS ORGANISER !
- Troisièmement, NOUS ORGANISER !
Oui ! L’illustre stratège en la matière, Vladimir Ilitch Oulianov alias Lénine dit : « L’organisation décide de tout »
Peuples africains !
Combattants africains de la liberté !
DU COURAGE !!!
Paris, le 06 novembre 2020
Godwin TÉTÉ
Notes:
- Vincent Hugueux, « Afrique : le mirage démocratique ». Ed. CNRS, Paris 2014, 4ième page de couverture ↩