Écrit par S. DZAKE
Vendredi, 16 Juillet 2010 09:27
Le FRAC n’entend pas pour autant rester aux seules initiatives de la marche et des veillées de prières, a dit en substance le Professeur Aimé Tchaboré Gogué lors d’une récente interview à notre confrère Liberté, même s’il ne soulève pas le voile sur les autres plans en perspective. Pour le leader de l’Addi, il n’y a pas d’alternative à la stratégie actuelle du FRAC.
Les populations n’iront plus aux élections si on continue à ne respecter pas le verdict des urnes et perdront toute foi possible au processus démocratique.
« C’est une lutte que nous menons, nous espérons que cela va se réaliser. Parce que sans cela la population togolaise va hésiter à aller aux élections, qui n’auront donc plus de sens. Et ça c’est très mauvais. Alors la seule chose qui restera pour l’alternance, c’est la violence. Et l’opposition unie au sein du Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC) ne veut pas du tout de la violence. Si nous ne voulons pas la volonté des urnes, c’est très mauvais pour l’avenir du pays », a-t-il répondu à la question sur la réussite du projet de revendication de la victoire de Jean-Pierre Fabre.
Mais pour cet excellent professeur d’économie, les veillées à la bougie et les marches ne suffiront pas pour renverser le pouvoir en place. « Nous savons tous au FRAC que les marches seules ne suffisent pas pour faire partir ces gens », dit-il avec amertume. « Nous avons fait dans ce pays un mouvement de grève générale illimitée qui a été très suivie au moins durant quatre mois, et ils ne sont pas partis », a-t-il ajouté. Avant de conclure : « …la marche élève la conscience populaire et même celle des gens du régime et de la communauté internationale pour savoir que quelque chose ne va pas dans ce pays (….), et à partir de ce moment, nous espérons que d’autres éléments vont rentrer en ligne de compte pour que le régime commence à comprendre et entendre raison ».
L’esprit de la ligne du FRAC n’a donc pas changé mais c’est la première fois qu’un de ces leaders s’explique très clairement sur le sujet. Les principaux leaders du FRAC sont restés assez évasifs en disant que le dénouement de leur action n’est « pas très loin ».
Pour président de l’Alliance des démocrates pour la démocratie intégrale (Addi), l’actuel mouvement de la rue était prévisible puisque « nous [le FRAC et l’UFC, ndlr] savions que les dés étaient déjà pipés (….) et nous avions deux attitudes à prendre : ou bien nous boycottons les élections ou bien nous y allons. » « Je suis sûr que si nous avions boycotté les élections de mars, ce mouvement que nous avons aujourd’hui n’aura pas lieu ; les gens auraient dit que nous avions peur des élections, c’est pourquoi nous n’avons pas participé et (…) c’était une bonne chose de montrer à la face du monde que le Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir, ndlr) ne peut jamais gagner des élections au Togo», a-t-il affirmé.
Intervenant sur la dissolution de l’OBUTS (le processus judiciaire n’est pas encore fini), Aimé Gogué l’interprète comme un grand recul dans le cadre du processus démocratique « pour le fait d’avoir essayé de dissoudre en première instance un parti politique ». « Par rapport à la démocratie, je crois que c’est fortement regrettable que le régime en place, après 20 ans de lutte de la population, prenne des décisions cyniques », a dit le leader de l‘ADDI. Mais il ajoute « qu’ils peuvent dissoudre tous les partis politiques, l’opposition reste dans la population elle-même », comme l’a montré la mobilisation au cours de la grève du 2 juillet alors que « les syndicats avaient arrêté le mouvement de grève ».
Professeur Aimé Tchaboré Gogué est le président de l’Alliance pour le développement et la démocratie intégrale ». Proche de l’Union des forces du changement (UFC), son parti est très implanté dans la région de la Savane. Selon des responsables locaux de l’UFC-Tône, son parti (ADDI) était arrivé en tête lors des législatives d’octobre 2007, avant que par extraordinaire le RPT enlevât les trois sièges de la préfecture. L’Addi est membre du FRAC depuis janvier 2010. Il était hier encore aux côtés de Jean-Pierre Fabre lors de la visite aux quartiers inondés.