« Nous la tenons notre victoire, acquise à l’issue d’un scrutin pacifique, transparent, honnête, juste, démocratique et crédible! N’en déplaise à ceux qui se laissent inutilement ronger par l’amertume et l’échec », ânonnait Solitoki Esso au lendemain de la proclamation des résultats de la présidentielle par la CENI. Pour le très provocateur et cynique Secrétaire Général du régime quarantenaire Rpt, il y avait eu excès de transparence au cours de cette farce électorale où le fils du père avait opéré un énième hold-up.
Il pousse son cynisme loin, en débitant que le Togo peut servir de modèle en matière électorale dans la sous-région. « Au jour d’aujourd’hui, le Togo est en passe de devenir un modèle dans le domaine électoral; car, rares sont les pays de la sous-région qui ont tout mis en œuvre comme notre pays pour traduire dans les faits la transparence des consultations électorales. De quoi nous accuse-t-on? De l’excès de transparence! Quelle contradiction! Vous n’organisez pas les élections, vous êtes critiqués et cela se comprend. Vous organisez les élections dans de très bonnes conditions de transparence, vous êtes encore critiqués. C’est le monde à l’envers! Tout ce cirque trouve sa justification ailleurs ».
On en était là quand le 22 mai dernier, la Mission d’observation de l’Union européenne a produit son rapport. Contrairement à l’« excès de transparence » dont se félicitait Solitoki, les observateurs de l’UE ont relevé des fraudes pyramidales : bourrages d’urnes, votes de mineurs, votes multiples… « Dans 10% des bureaux de vote visités, les observateurs européens ont remarqué des cas de votants dont l’apparence indiquait manifestement qu’ils étaient mineurs (…) Les militaires, gendarmes ou policiers ayant voté dans leurs bureaux d’affectation le 2 mars ont été en mesure, s’ils le souhaitaient, de voter une seconde fois le 4 mars dans les mêmes bureaux. La MOE UE a remarqué des cas de bourrages d’urnes ainsi qu’une centaine de bureaux de vote affichant des taux de participation de plus de 100% etc. », a rapporté la Mission. Voilà ce que Solitoki appelle « excès de transparence ».
SOURCE: LIBERTE HEBDO TOGO